RSE et ESG : quelle différence ?

ESG et RSE : deux concepts souvent confondus, mais aux logiques bien différentes. Origines, objectifs, cibles, indicateurs, réglementation… Nous faisons le point sur leurs complémentarités, leurs divergences et leur articulation stratégique, à l’heure où le reporting extra-financier devient incontournable.

Aurélia Bianco-Guevin
Consultante RSE
Mise à jour : 
27.06.2025
Publication : 
27.06.2025

ESG et RSE : quelle différence ?

Les concepts d’ESG (Environnement, Social, Gouvernance) et de RSE (Responsabilité Sociétale des Entreprises) sont étroitement liés et complémentaires, mais diffèrent par leur origine, leur finalité, et leur public cible.

RSE et ESG : définitions, objectifs et cibles

La RSE

Une démarche RSE est un engagement de l’entreprise à intégrer les enjeux sociaux, environnementaux, éthiques et de gouvernance dans ses activités et sa stratégie.

Elle est fondée sur la norme ISO 26000 et repose sur 7 piliers : gouvernance, droits humains, relations de travail, environnement, loyauté des pratiques, questions relatives aux consommateurs et développement local.

🔎 Dans le détail :

La norme ISO (International Organisation for Standardisation) 26000 (Responsabilité Sociétale des Entreprises), donne la définition suivante : « la responsabilité d’une organisation vis-à-vis des impacts de ses décisions et activités sur la société et sur l’environnement, se traduisant par un comportement éthique et transparent qui :
  • contribue au développement durable, y compris à la santé et au bien-être de la société ;
  • prend en compte les attentes des parties prenantes ;
  • respecte les lois en vigueur et qui est en accord avec les normes internationales de comportement ;
  • et qui est intégré dans l’ensemble de l’organisation et mis en œuvre dans ses relations ».

Ainsi, en premier lieu, il s’agit de comprendre l’écosystème global dans lequel l’entreprise évolue, d’identifier ses parties prenantes clés et leurs attentes, de cartographier sa chaîne de valeur et d’analyser son environnement socio-économique et naturel.

La RSE est une démarche - majoritairement volontaire - ancrée dans la gestion des entreprises pour renforcer leur rôle dans la société. Une stratégie RSE joue un rôle central pour anticiper et orienter la stratégie d’entreprise vers un business model plus durable et résilient aux changements climatiques, réglementaires et évolutions sociales et sociétales

En plus d’anticiper et de réduire les risques et impacts négatifs; une politique RSE robuste permet d’améliorer la marque employeur, de mobiliser les collaborateurs, d’attirer des clients, de se différencier et d’améliorer sa compétitivité, d’accéder à des financements durables …

L’ESG

Les critères ESG sont nés dans le monde financier (investissements socialement responsables) pour aider les investisseurs à intégrer des facteurs de durabilité dans leurs décisions.
L’objectif final visé est donc d’évaluer la performance extra-financière d’une entreprise, au même titre que les critères de performance financière (CA, EBIDA, …). 

Majoritairement, les critères ESG sont utilisés par les investisseurs pour évaluer les risques et la performance à long terme : une bonne note ESG facilite l’accès aux capitaux (taux réduit pour les obligations vertes, accès à des fonds d’investissement durables, …).

Complémentarités et divergences de la RSE et de l’ESG

RSE et ESG couvrent les mêmes thématiques : climat, biodiversité, égalité, conditions de travail, éthique, gouvernance… Ces deux notions restent donc fortement interdépendantes.

Deux logiques, deux temporalités, un socle commun

La RSE fournit le socle stratégique sur lequel repose le reporting ESG. C’est une démarche stratégique portée par l’entreprise qui s’appuie sur une compréhension approfondie de son écosystème (parties prenantes, chaîne de valeur, impacts…). Elle permet de structurer une vision à long terme, alignée sur les principes du développement durable. Elle constitue une approche holistique, intégrée à la gouvernance et aux opérations.

L’ESG traduit la RSE en indicateurs mesurables, comparables et exploitables par des parties prenantes et tiers. Il vise à rendre compte, de façon standardisée, de la performance extra-financière des entreprises. Il s’inscrit donc dans une logique d’évaluation, souvent plus court-termiste, orientée vers la gestion des risques et la transparence des marchés.

Pour résumer, la RSE est la démarche stratégique. L’ESG est l’outil de mesure.

Ainsi, la qualité du reporting ESG dépend de la maturité de la stratégie RSE. Et, à l’inverse, des exigences ESG rigoureuses peuvent inciter une entreprise à structurer ou à renforcer sa démarche RSE.

Des divergences dans la gouvernance et les leviers d’action

Cibles et interlocuteurs

La RSE est encore avant tout un levier interne (direction, RH, achats, production…) au service d’une transformation globale de l’entreprise là où l’ESG va s’adresser principalement à des tiers (financeurs, analystes, agences de notation, clients B2B…).

Cadres de référence

La RSE repose sur des référentiels de bonnes pratiques (ex. ISO 26000), souvent volontaires. L’ESG répond quant à elle à des exigences de transparence de plus en plus réglementées (CSRD, SFDR, Taxonomie verte…).

Mode de mise en œuvre

La RSE mobilise des politiques, des actions concrètes, des plans d’engagement (décarbonation, achats responsables, inclusion…). L’ESG traduit ces dynamiques en indicateurs quantitatifs et qualitatifs, au sein de reportings plus formatés, destinés à la comparaison sectorielle.

Evolution des cadres réglementaires et exigences des parties prenantes : 

La performance extra-financière et la RSE sont de plus en plus encadrées par des normes, directives cadres (exemple les Directives CSRD, SFDR, Taxonomie verte en Europe, …) et évaluations externes.

Le reporting ESG devient standardisé, orienté vers les attentes des investisseurs et répond souvent à des cadres normatifs ou réglementaires européen (SFDR, TCFD, Taxonomie verte). Il se concentre sur la mesure de performance extra-financière à l’aide d’indicateurs clés principalement (par exemple : intensité carbone, part du CA vert, taux de rotation du personnel, % d’indépendants au conseil d’administration, …). 

Le reporting RSE, volontaire au départ, devient progressivement obligatoire (par exemple : Déclaration de Performance Extra-Financière en France- DPEF, désormais remplacée par la CSRD pour les grandes entreprises en Europe, et la VSME comme cadre de reporting volontaire pour les PME et TPE).

Il intègre des indicateurs ESG chiffrés, mais également des descriptions des risques, opportunités et impacts de l’entreprise sur la Société -civile et l’environnement- ainsi que les engagements, politique et actions RSE concrètes (ex. plan de décarbonation, programme diversité et inclusion, ….) en réponse.

Les agences de notation extra-financière (par exemple « MSCI ESG Ratings » très utilisé par les investisseurs institutionnels, ou EcoVadis orienté évaluation RSE pour les chaînes d’approvisionnement)  jouent de plus en plus un rôle crucial dans l’évaluation des performances RSE et ESG des entreprises. Elles n’imposent pas d’obligations réglementaires aux entreprises, mais elles deviennent des intermédiaires clés entre les entreprises et les investisseurs, régulateurs, marchés financiers et clients ou fournisseurs.

Zoom sur la CSRD et la VSME

La règlementation CSRD (Corporate Sustainability Reporting Directive) et la VSME (Voluntary Sustainability reporting standard for SMEs) s’inscrivent dans une évolution réglementaire et sociétale majeure vers plus de transparence, de qualité des informations extra-financières et de durabilité. 

De manière volontaire pour la VSME, ou de manière obligatoire avec audit par un tiers indépendant pour la CSRD ; ces deux Directives visent à harmoniser et à renforcer le reporting de durabilité ainsi qu’à aider les parties prenantes (investisseurs, clients, collaborateurs…) à évaluer les performances RSE et risques ESG des entreprises.

Les entreprises doivent répondre sur 

  • des données ESG (environnementales : émissions de GES, énergie, biodiversité, pollution... ; sociales : conditions de travail, diversité, inclusion, droits humains... ; de gouvernance : éthique des affaires, lutte contre la corruption, composition des organes dirigeants...) 
  • ainsi que sur la gestion opérationnelle des impacts positifs et négatifs, risques et opportunités importantes (voir article sur le principe de Double Matérialité et les IRO) pour l’entreprise à travers la structuration des instances de gouvernance, des politiques, des engagements, des objectifs et des plans d’actions RSE.

Dans ce contexte, avoir une bonne stratégie RSE et des indicateurs ESG solides devient non seulement un atout, mais une nécessité. 

Conclusion : 

ESG et RSE sont complémentaires. Piloter une stratégie RSE nécessite des indicateurs de performance extra-financières. Une entreprise dotée d’une stratégie RSE solide présente généralement des scores ESG élevés ; et inversement, un reporting ESG abouti reflète souvent une démarche RSE bien structurée.